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Travaux Dirigés : Travail et Organisation. Arthur Chevreul.

Compte-rendu d’une journée de terrain

Objet d’étude : Cordonnerie Clément, entreprise individuelle, 39 rue Champagne à Poitiers. Chef
de l’entreprise : Mr. Clément.

Introduction

J’ai choisi pour le travail de terrain proposé d’étudier le métier de cordonnier, un des plus vieux
métiers artisanaux qui existe sans doute depuis l’invention de la chaussure en cuir…Il me semble
important de s’intéresser à l’artisanat, « première entreprise de France », dans sa diversité. Qui sont
les artisans, quel est leur rôle économique, sociologique ? Ce sont des questions qui cachent des
enjeux majeurs : commerce de proximité, entretien et transmission d’un savoir faire…de véritables
clefs de voûte pour notre société, toujours plus en proie à la loi de la grande distribution, de la
consommation irraisonnée et de la formation « express ».
Le cordonnier qui m’a accueilli très gentiment se nomme Mr Clément. Nous avons évoqué
ensemble lors d’un entretien des questions majeures touchant à son activité : aspect purement
technique, relations avec la clientèle, avec les homologues cordonniers, le métier et son évolution,
etc. Aussi convient-il à présent de poser les questions qui seront développées dans cet exposé, et de
définir le plan dans lequel se succéderont les réponses.

Quelle est la genèse de l’entreprise de Mr Clément ?


En quoi consiste son activité ?
Comment Mr Clément est-il organisé matériellement ? Et professionnellement ?
Comment son activité a-t-elle évolué depuis ses débuts ?
Quelles sont ses relations avec la clientèle, et en quoi ces dernières conditionnent-elles son
activité ?
Quelles sont ses relations avec ses homologues cordonniers ? Et quelles sont ses partenaires ?
Quel regard Mr Clément porte t-il sur l’évolution de l’environnement commercial dans son
quartier ? Quel est son regard sur l’évolution du métier de cordonnier ?

Plan :

I. Identité
II. Activité
III. Relations extérieures
IV. Evolutions
V. Bilans
VI. Annexes

(Annexes : questionnaire utilisé pour l’enquête ; photographies)

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Identité

Origines

La cordonnerie Clément est une entreprise individuelle crée en 19 par Mr Clément père, et c’est
son fils qui depuis 1989 exerce à sa place. Mr Clément, ayant toujours vu son père exercer la
cordonnerie, devient compagnon puis marche sur les pas de son père. La cordonnerie Clément est
un des plus anciens commerces de son quartier, le quartier St Germain (en aval de l’Hôtel Fumé).

Organisation matérielle

Monsieur Clément n’a pas d’employé, il exerce seul dans un local d’environ 20m². Il m’explique
que la profession ne compte que des artisans installés à leur compte dans de petits ateliers, et que,
par conséquent, elle ne peut pas employer de cordonniers salariés puisque « on arrive à répondre
tout seuls à la demande ». C’est la même chose pour les apprentis (il a parfois des demandes de
stages d’apprentissages). Même si monsieur Clément est soucieux de la transmission du métier, il
avoue clairement qu’un employé ou un apprenti représenteraient une charge (salaire, mise aux
normes, prise sur son temps) dont il n’aurait pas besoin. Nous tombons d’accord sur le fait que
certaines professions artisanales comme la plomberie ou la charpenterie sont plus faciles à intégrer
pour des employés ou des apprentis, puisque la demande est nettement supérieure.
Techniquement, le cordonnier travaille principalement avec machines : un banc de finition, une
machine à coudre, une machine à clef et une presse. Le reste est du petit outillage et des produits.
Une partie du matériel de Mr Clément appartenait à son père, mais il a par exemple investit dans
un banc de finition d’occasion à ses débuts. Cette machine est très solide et est le pilier central de
l’outillage, et bien qu’elle ait déjà cinquante ans, « elle ira jusqu’à la retraite ». Elle nécessite un
entretien peu contraignant.
En ce qui concerne l’organisation de l’espace, elle est très simple. La disposition des outils et du
matériel en général s’adapte à la morphologie rectangulaire de l’atelier. Lorsque j’aborde la
question de la disposition de l’outillage, monsieur Clément m’affirme que « ce n’est pas ce qui
compte », et que presque toute son activité repose sur un bon savoir faire et une qualité appréciés.

Activité

Quels services propose la cordonnerie ?

Il est important de distinguer deux types de cordonneries : celles de type « multiservice », que l’on
trouve beaucoup dans les galeries marchandes des centre commerciaux, et celles de type
traditionnelles, comme la cordonnerie étudiée. Alors que les ateliers « multiservice » ont une
activité très diversifiée pour répondre à une demande mouvante, la cordonnerie traditionnelle est
axée sur la réparation de chaussures en cuir. C’est l’activité principale de monsieur Clément.
Il a investit dans une machine pour reproduire les clefs il y a 4 ans pour répondre à une demande
étudiante principalement (à la rentrée, il y a besoin de doubles de clef). De plus, il vend quelques
modèles de chaussures en cuir de haute qualité, ainsi que des produits d’entretien.

Relations extérieures

Quelle est la clientèle ?

Monsieur Clément travaille avec une clientèle fidèle, pas seulement restreinte au quartier. Il
m’avoue qu’elle est plutôt aisée, car ce sont des gens qui acceptent d’investir dans la chaussure.
Environ 15% sont des étudiants, qui viennent principalement pour les clefs.

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Un fait particulièrement intéressant qu’évoque le cordonnier : il a dans sa clientèle quelques
personnes qu’il qualifie « d’écolos », particulièrement attachée au commerce de proximité et à
l’artisanat de qualité. Je suppose que l’écologie n’est qu’un trait de leur personne, et que cette
clientèle est peut-être celle que l’on qualifie de « bohême » ou de « bourgeois bohêmes ». Mais ne
partons pas dans des interprétations hasardeuses.

Quels rapports entretient monsieur Clément avec ses homologues poitevins ?

Les rapports entre cordonniers à Poitiers sont quasi inexistants, du moins la communication est très
mauvaise. Il y a un syndicat qui se réunit de régulièrement à la chambre des métiers mais monsieur
Clément avoue ne pas y aller, car les questions abordées ne sont pas intéressantes. Par exemple, il
n’y a pas d’entente sur les prix, ce qui pourtant constitue un débat central dans certaines
professions. Le cordonnier m’avoue que ce trait est propre à la cordonnerie, qu’il n’a jamais connu
de bonne organisation collective dans la profession. Il le déplore et précise que les jeunes sont
selon lui beaucoup plus disposés à communiquer que l’ancienne génération.

Et avec ses fournisseurs ?

Monsieur Clément travaille avec deux fournisseurs principaux. L’un deux concentre son activité
sur la cordonnerie traditionnelle, et l’autre sur les deux types de cordonnerie. Il m’explique que
deux fournisseurs lui suffisent largement, car « faire jouer les prix » en permanence représente une
perte de temps et que, au final, il s’est rendu compte qu’il ne faisait pas d’économie sensible.

L’intégration dans le quartier ?

Elle est très bonne selon monsieur Clément, qui en est très content. Il y a une bonne
communication entre eux, et ils se connaissent, discutent ensemble, etc.
Monsieur Clément déplore cependant un manque de dynamisme commercial (« il n’y a pas assez
de commerces ») et un nombre trop important de fermetures de commerce dans le quartier (il me
donne l’exemple de la boulangerie d’en face et de la pharmacie). Il m’indique que pour une
cordonnerie, « l’emplacement joue énormément ».

Evolutions

Le métier

La principale évolution du métier a été évoquée plus haut. Elle réside dans l’apparition de
cordonneries « multiservices » qui pour répondre à une demande et à une clientèle toujours plus
diverses, ont diversifié à leur tour leur activité. De ce fait, la réparation de chaussures (donc la base
du métier), est devenue une activité minoritaire chez ces derniers. Ils font désormais beaucoup de
doubles de clefs ou de vente de produits d’entretien pour cuirs. Monsieur Clément n’exprime
aucune animosité pour ce genre de cordonnerie, mais il remarque que la qualité y est moins grande,
pour des prix souvent identiques…L’idée selon laquelle la tradition coûte plus cher s’avère ici
fausse. En fait, ces nouvelles cordonneries s’adaptent aux nouvelles exigences du marché :
diversification, exigence du « chiffre », prix tirés toujours plus à la baisse chez les fournisseurs,
formation « express », etc. Monsieur Clément reconnaît que s’il n’avait pas repris l’activité
familiale, il aurait sans doute suivi cette évolution…
Il est intéressant de noter que depuis un an, pour être cordonnier, il faut passer un « CAP
Cordonnerie Multiservice », alors qu’avant il s’agissait d’un « CAP Cordonnerie Réparation ».

L’activité

Il est clair pour monsieur Clément qu’il y a moins de demande qu’avant, il a donc globalement
moins de travail. Il attribue cette baisse à l’évolution des mentalités : les gens n’accepteraient plus
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de miser sur la qualité, compte tenu de la lourdeur des dépenses au quotidien (ils peuvent moins se
le permettre). La baisse générale de la qualité des chaussures est pour lui indéniable.
Il met en relation la baisse d’activité avec la fermeture de commerçants du quartier, et trouve
réellement cela déplorable (une re-dynamisation de l’activité commerçante serait souhaitable, mais
il faut que la clientèle suive, ce qui n’est pas évident).

Monsieur Clément m’indique au passage que les fournisseurs sont réellement étonnés du grand
nombre de cordonniers à Poitiers (ils sont 4 dans le seul centre ville), ce qui n’est pas en faveur
d’une augmentation du volume de travail…

Bilan

Monsieur Clément, cordonnier

Il dresse un bilan assez mitigé, et est inquiet pour le futur. Il se sent réellement concerné par la
transmission du métier de cordonnier, mais ne sait pas dans quelle conditions elles se feront : on est
dans un contexte de perte progressive de la tradition, il est difficile pour les débutants de s’intégrer
dans la profession, le commerce de proximité est relégué au profit de la grande surface…autant
d’évolutions qui ne servent pas la cause de la revalorisation de la cordonnerie. De plus, il ne pense
pas que ses enfants reprendront l’activité familiale.

Arthur Chevreul, étudiant enquêteur

Le métier de Mr Clément est très riche, car traditionnel. Son savoir-faire, ancestral, s’est transmis
de génération en génération, répondant à une demande toujours présente.
Ce qui est intéressant est de remarquer que, malgré les évolutions du monde du travail et des
modes de consommation, certains artisans apparaissent « résistants » - mais pas insensibles – aux
évolutions du commerce. C’est le cas de la cordonnerie étudiée : Mr Clément n’est pas intéressé
par les nouveaux types de cordonnerie, apparues avec l’avènement de la grande surface, et persiste
à pratiquer une cordonnerie vraiment traditionnelle. Cependant, il est très lucide sur sa profession,
ses évolutions, il exprime ses craintes et regrets. Il a conscience que les cordonniers de son genre
sont de moins en moins nombreux, et assume son choix qui a été de rester un cordonnier un peu « à
l’ancienne ».
Le trait qui m’a semblé le plus intéressant dans cette étude est de voir que le commerce traditionnel
est encore bel et bien implanté dans les quartiers, qu’il draine une clientèle qui, même si elle ne se
renouvelle pas facilement, a l’avantage d’être fidèle et attentive au savoir-faire auquel elle fait
appel. Même si l’on construit sans cesse de nouvelles galeries marchandes, centres commerciaux,
par ailleurs toujours plus éloignés de la ville, il y a certains commerce qui, à l’image de la
cordonnerie Clément, ne « connaissent pas la crise ».

La formation reste également au cœur de la question de la préservation de ces commerces. Nous


l’avons abordé : ce n’est pas facile pour les jeunes de s’intégrer dans ce type de profession puisque
les places sont limitées, le travail exigeant, l’esprit d’initiative obligatoire.

Aujourd’hui, les modes de consommation changent, et on observe un réel regain d’intérêt pour une
consommation juste, éthique, raisonnée, authentique : en moins de 24 mois, deux épiceries de type
Bio ou commerce équitable ont ouvert dans le centre-ville de Poitiers. La fréquentation des
commerces artisanaux et traditionnels s’inscrit dans cette évolution.
Mais un problème persiste, celui de l’accessibilité à ces modes de consommation : sont-ils
accessibles à tous, ou à une petite minorité forte d’un bon pouvoir d’achat ? Difficile d’y répondre
dans le seul cadre de cet exposé. Pour ce qui est de la cordonnerie, même si les prix de Mr Clément
ne sont pas forcément plus élevés qu’une cordonnerie multiservice de grande surface, il est sûr que
sa clientèle « accepte d’investir dans la chaussure »…Il conviendrait d’inscrire cette étude dans
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celle d’un quartier (comme celui de Saint Germain), ou de choisir une autre profession (comme les
boulangers) pour qu’une vue d’ensemble du problème puisse commencer à s’esquisser.

Annexes

Photographies

La devanture de la boutique

L’atelier avec comptoir et machines derrière

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Enquête de terrain – Cordonnerie Clément ; 39 rue Champagne, Poitiers

Questions

Identité

1) Comment êtes-vous arrivés dans le monde de la cordonnerie ? Votre père était-il cordonnier ?
2) Depuis quand êtes-vous installé à Poitiers en tant que cordonnier ?
3) Avez-vous créé votre entreprise ou existait-elle avant ? Le cas échéant, comment l’avez-vous intégrée ?
4) Quel est exactement son statut juridique ?
5) Avez-vous des employés ? en avez-vous déjà eu ? Pourquoi ?
6) Et les apprentis, y en a-t-il ? Plus, moins qu’avant ?

Le local

7) Sa surface ?
8) Votre local est-il, à votre sens, pratique ?
9) Envisagez-vous des améliorations dans le futur au niveau de la disposition de l’atelier ?
10) Avez-vous déjà fait des changements dans l’organisation spatiale de l’atelier ?

Activité

11) Quels services proposez-vous ?


12) Quelles sont les principales évolutions techniques que vous ayez connues ? Nouvelles machines ?
13) Y a-t-il plus de travail qu’avant ?
14) Au niveau des types de réparation à effectuer, y a-t-il eu une évolution ? Dans quel sens ?
15) Que pouvez-vous dire de la qualité des biens de consommation aujourd’hui ? cuir, chaussures, etc.…
16) Votre métier aujourd’hui est-il vraiment différent de celui que vous exerciez à vos débuts ? Quelles sont
selon vous ses principales évolutions ?
17) Envisagez-vous d’investir de manière significative dans de nouveaux outils ? ou machines ?

18) Pouvez-vous me décrire une action du début à la fin ? Par exemple, un changement de semelle.

Relations extérieures

19) La clientèle : qui ? personnes du quartier ? Etudiants ?


20) Comment la clientèle a-t-elle évoluée ?
21) Le phénomène « recherche d’authenticité » qui se manifeste depuis quelques années : l’avez-vous
ressenti ? Y a-t-il eu un regain d’intérêt pour les services que vous proposez ?
22) On est passé, il me semble, d’une cordonnerie « réparation de chaussures » à une cordonnerie
« multiservices » mais il y a quelque temps déjà. Avez-vous ressenti l’évolution ?
23) Votre activité est-elle plus diversifiée ? Les doubles de clefs, c’est depuis toujours ?

Transmission

24) Avez-vous l’impression que la cordonnerie est une profession en perdition, ou au contraire, connaît-elle
un regain d’intérêt ? Y êtes vous sensible ?
25) L’expérience de transmission de votre savoir vous plaît t-elle ? Est-ce important pour vous ?

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