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Centre de Création

<< electrobolochoc >>


Veauce Populi – mai 2008

1. Un Centre de Création, à cause de quoi ?

L’art contemporain, et notamment la jeune création européenne, a besoin d’être


identifié, valorisé et socialisé au-delà des simples critères de mise sur le marché.

Dans le registre qualitatif, l’édition 2007 de la très populaire Biennale de Lyon tente,
par une approche qu’on pourrait qualifier de bottom up, de révéler les figures qui vont
marquer la décennie, en donnant carte blanche à quarante-neuf commissaires pour
introduire leurs artistes phares.

Dans le registre quantitatif, le calcul statistique du nombre de ventes et de leur


montant par artprice, le leader de l’information sur le marché mondial de l’art, vise lui
aussi à analyser l’évolution de la demande, en aval.

Personne ne conteste que la mise sur le marché d’une œuvre soit une chose
importante pour l’art et pour l’artiste. Mais doit-on pour autant négliger l’acte de
création ?

Si les biennales de Venise, Basel et autre lancent les œuvres sur le marché, et que
les FRAC, au moins en France, bâtissent des collections en rapport avec ces
événements, ne faut-il pas également, en amont, que des institutions rendent
possible, telles des maternités, la mise au monde des œuvres à venir ?

2. Un Centre de Création, pour quoi faire ?

Le Centre de Création << electrobolochoc>> s’inspire d’abord de la Factory ouverte


par Warhol à New York en 1963 qui produisait non-stop des événements et des
mythes en mélangeant les appartenances sociales et les mediums (cinéma,
sérigraphie, musique, boîte de nuit…). De là, il s’agit pour nous d’offrir les conditions
de possibilité de l’émergence de nouvelles formes symboliques.

Le Centre de Création << electrobolochoc>> s’inspire ensuite du Palais de Tokyo et


du Colloque de Cerisy, en voulant opérer une sorte de fusion entre ces deux
institutions.
© Veauce Populi, mai 2008

Le Palais de Tokyo ouvert à Paris en 2002 est un « site de création contemporaine »,


lieu de la scène émergente consacré à la création sous toutes ses formes (peinture,
sculpture, design, mode, vidéo, cinéma, littérature, danse). Il s’agit d’y reprendre les
principes in situ, d’une part, et d’interdisciplinarité, d’autre part, en ouvrant toutefois
aux champs de la pensée réflexive : d’où Cerisy.

Le Centre culturel international de Cerisy-la-Salle, fondé en 1952, a pour mission de


favoriser les échanges entre artistes, intellectuels et savants de tous pays. Il
s’adresse au public de la culture ainsi qu’aux artistes, chercheurs, intellectuels,
enseignants et étudiants. Axée sur la rencontre, sa programmation est surtout faite
de colloques sans rapport direct entre eux, et sans rapport direct avec la création
contemporaine. Il s’agit d’y reprendre l’objectif de la rencontre avec un fort niveau
d’exigence intellectuelle.

Le Centre de Création << electrobolochoc>> s’inspire en outre de l’unité de


recherche COSTECH (Connaissance, organisation et système technique) de
l’Université de technologie de Compiègne, fondée en 1992 par Bernard Stiegler, qui
a pour mission de produire des travaux originaux non seulement en sciences
humaines, sciences cognitives et philosophie, mais aussi avec les approches des
ingénieurs ou des acteurs institutionnels. La production académique est ainsi
couplée à des projets de développement ou d’intervention. Il s’agit de conserver ce
double mouvement d’activité réflexive et d’activité praxique.

Enfin, le Centre de Création << electrobolochoc>> s’inspire de l’Institut des sciences


cognitives Jean Nicod, à Paris, de l’Institut de recherche/création en arts et
technologies médiatiques Hexagram, à Montréal, de l’IRCAM, à Paris, et de
l’Akademie Schloss Solitude de Stuttgart qui met en avant les échanges artistiques
et scientifiques ainsi que la « retraite » nécessaire pour la création « fraîche ».
Toutes ces institutions favorisent le développement du rapport entre la science,
d’une part, et la pratique, d’autre part.

Au-delà de ces sources d’inspiration, le Centre de Création << electrobolochoc >>


veut faire retour à la nécessité de mettre au monde des formes symboliques,
permettant le retour au premier geste qui fonde tout créateur à créer, seul ou avec
d’autres. C’est ce que nous avons appelé le « principe séminal ». Il s’agit moins de
répéter ou de faire circuler des œuvres existantes, comme le font les galeries, les
musées où les lieux d’expositions temporaires, que d’ouvrir les démarches qui
produiront les œuvres de demain, dans une approche globale liée à l’existence du
créateur. Il s’agit d’être le terreau fertile, la matrice des formes symboliques à venir.

Parallèlement à ce principe séminal qui traduit la volonté d’aller à l’essentiel de la


création, le Centre de Création << electrobolochoc >> veut organiser toute son
activité autour d’une meilleure compréhension de la logique de la création, suivant ce
qu’on appelle un « principe logique », supplémentaire au principe séminal. Au faber
se double la dimension du logos.

Il doit maintenant être clair que le Centre de Création << electrobolochoc >> a en
même temps une organisation de laboratoire vivant transdisciplinaire où
l’expérimentation est première, et en même temps un programme de recherche
structurant l’expérimentation et visant à la compréhension théorique de son

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© Veauce Populi, mai 2008

déroulement qui devra prendre la forme d’une production académique et être


exposée et discutée dans les lieux spécifiques de la recherche en sciences
humaines : articles dans des revues spécialisées, ouvrages de synthèse, colloques...

Une question pourrait être de savoir si ce nouveau genre d’institution est d’avant-
garde ou non pour la culture de demain : nous le croyons fermement et ne pouvons
qu’affirmer notre conviction que l’approche séminale, fondamentale pour faire surgir
une énergie nouvelle, en amont de toute création, gagne à être saisie dans
l’approche logique, fondamentale pour inscrire cette énergie nouvelle dans une
histoire symbolique.

Est-ce que ce Centre de Création n’existe pas déjà ? La Factory a été évoquée. On
peut mentionner aussi l’utopique Abbaye sans cloche de Rabelais, l’Abbaye de
Thélème imaginée à la fin du Gargantua, où des jeunes gens des deux sexes se
gouvernent eux-mêmes par l’affirmation de leur volonté propre suivant la devise du
lieu : « Fais ce que tu voudras ».

Aujourd’hui la plupart des institutions labellisées ou non Centre d’art revendiquent le


principe séminal, s’affirmant comme lieux de création « in situ » dans le but de
révéler les artistes les plus prometteurs. Le Palais de Tokyo, Le Magasin à Grenoble,
Le Parc Saint Léger à Pougues-les-eaux, Les subsistances à Lyon, entre autres, en
témoignent. Le Centre de Création <<electrobolochoc>> envisage non seulement de
s’inscrire dans cette lignée séminale, mais aussi d’aller plus loin à la fois en terme de
milieu transdisciplinaire – en portant l’accent sur les arts plastiques, les arts vivants
(la danse et le théâtre), la musique et la pensée contemporaine, y compris
scientifique – et en terme de visée théorique autour du projet de logique de la
création.

3. Un Centre de Création, avec quel programme ?

3.1. Aller à l’essentiel

L’objectif est de rendre possible la conception des œuvres indépendamment du


medium, en opérant une centration sur le créateur et l’émulation entre créateurs
issus de mondes distincts, pour permettre d’exprimer les lignes de force propres aux
grandes réalisations, par une mise en tension créatrice intrinsèque. Il ne s’agit pas
de faire un centre de production mono-artiste comme l’est, par exemple, Le Creux de
l’enfer, à Thiers, qui invite chaque année un artiste à proposer le plan d’un projet en
interaction avec le site, et à venir, ensuite, le réaliser sur place pendant plusieurs
mois. Il s’agit bien plutôt du lieu d’élaboration, de surgissement, de jaillissement, la
mise au monde échappant à tout plan préalable, se tenant en deçà de toute
représentation. Et par suite, de comprendre comment ce surgissement s’inscrit dans
une matière qui, à son tour va s’organiser en une œuvre exposable.

3.2. La logique de la création

Naguère exclusivement théologique (La Genèse, Saint Thomas d’Aquin…), la notion


de « création » s’est vue progressivement investie par la science du vivant (Darwin,

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© Veauce Populi, mai 2008

Jacob…), la poésie (Valery, Maldiney…), la psychanalyse (De M’Uzan, Anzieu,…) et


l’esthétique (Agamben, Garelli…), avant de devenir populaire à travers les leitmotivs
politiques de « création d’emploi » ou de « création de richesses ». Si la diffusion
sociale de ce thème est aujourd’hui largement observable sa consistance n’en reste
pas moins vague, au point qu’apparaisse comme une nécessité de poser la question
de l’existence d’une logique universelle de la création, capable de comprendre tout
aussi bien la création d’entreprise et l’invention technologique que la création
artistique ou l’invention de soi.

En s’appuyant sur les différentes pensées évoquées il s’agit d’abord d’adopter une
approche spéculative, conceptuelle, classique en philosophie ou en logique, qui
dégage des cadres conceptuels vides mais structurants. Il s’agit ensuite de recourir à
une attitude phénoménologique se tenant au plus près de l’activité créatrice telle
qu’elle est incarnée chez ceux qui se revendiquent créateurs : les artistes, penseurs,
y compris les scientifiques, danseurs, musiciens et autres (architectes, créateurs
d’entreprise), sans exclusive. Méthodologiquement, nous nous inscrivons donc dans
ce que Jacques Theureau, théoricien chercheur du CNRS, a thématisé sous le
programme de « Cours d’action »1. L’attitude spéculative fournit des cadres
conceptuels vides qui, pour valoir dans le réel, doivent se fonder dans des pratiques
analysées par le cours d’action.

Plusieurs problématiques s’offrent à l’examen qu’on peut classer suivant deux axes :
l’un longitudinal, l’autre vertical.

Suivant l’axe longitudinal ou diachronique, il s’agit de comprendre la création comme


un processus temporel se déroulant comme l’histoire du rapport entre un sujet et un
milieu, incluant les représentations, c’est-à-dire aussi la tradition. Comme nous
l’avons thématisé ailleurs cette histoire peut être appréhendée comme une
succession de cycles à trois moments : usare, krisis et fabricare2, qui correspondent
chacun à une modalité d’être au monde : naïve, traumatique et transformatrice. Cela
permet en particulier de comprendre les attitudes passives, les ruptures et les
attitudes d’engagement. On s’appuie également sur les travaux de Didier Anzieu qui
dégage cinq phases du « travail créateur » à travers l’analyse de créations surtout
littéraires (Valéry, Freud, James, Robbe-Grillet, Borgès, Pascal, Francis Bacon) : le
saisissement, la fixation, l’inscription, la composition et l’exhibition3.

Suivant l’axe vertical ou synchronique, on privilégiera la mise en évidence d’une


structure invariante de la création. Cela tient compte des travaux spécialisés sur la
question : ceux de Guy-Félix Duportail, de Catherine Desparts-Péquignot, de
Jacques Garelli, de Lacan, Jad Hatem et d’autres… qui ont permis de dégager la
structure idiotypique esquissée à travers les cinq points nodaux suivants :
déplacement, répétition, jouissance, sécrétion et sépulture4. Ces points ont donné
lieu au programme quinquennal d’expérimentations Electrobolochoc, depuis 2005.

1
Theureau, J., Le cours d’action, 3 tomes, Toulouse, Octarès, 2004, 2006 et sous presse.
2
Duquaire, P.-V., Le problème de l’identité sous son double aspect subjectif et objectif, Nice, 2002, pp. 28-32.
3
Anzieu, D., Le corps de l’œuvre, Paris, Gallimard, 1981, pp. 91-211, et particulièrement 95-130. Cf. Duquaire,
P.-V., « L’analyse du processus créatif : St Thomas, Deleuze et Anzieu », Electrobolochoc IV, 5 mai 2008, à
paraître.
4
Duquaire, P.-V., « Programme d’expérimentations séminales sur la création », in Electrobolochoc 2005-2006,
Etroussat, Zuma Création, pp. 11-22.

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© Veauce Populi, mai 2008

On peut en apercevoir quelques résultats sur www.electrobolochoc.fr ou


www.electroblogochoc.fr.

Ci-dessous sont rappelés les concepts directeurs du cadre synchronique qui


structure le Centre de Création << electrobolochoc >> :

Le déplacement : traduit l’arrachement à un monde, une mise hors jeu du sujet,


comme lorsqu’on quitte sa place, soit parce qu’on y est contraint, soit parce qu’on l’a
choisi. La mise hors jeu est à la fois l’effondrement d’un monde, la mort du monde
quitté – avec la notion de trauma qui lui est associée – et l’émerveillement d’un
monde découvert. Basculement, le déplacement est un changement de référentiel.
Le passage du miroir dans Alice au pays des merveilles, chez Lewis Caroll, illustre
parfaitement le déplacement. En phénoménologie, Husserl et à sa suite Merleau-
Ponty parlent d’une « conversion du regard »5.

La répétition : traduit la récurrence de certains phénomènes ou attitudes dans le


déplacement. Elle désigne ce qui tient et retient le sujet, ce qui l’appelle et le rappelle
à une trame, ce qui le destine et le convoque, sa contrainte. La caractérise ce dont le
sujet ne s’affranchit pas : forme de croix qui le nie comme être libre tout autant que
ce qui l’affirme comme volonté cohérente. La répétition est réaffirmation ou
réapparition de détails qui, à force de revenir, deviennent invariants et donc
structurels en tant qu’ils jalonnent une structure cohérente qui permane. L’obligeant à
agir et à réagir, ce à quoi il tient et à quoi il est tenu est de nature normative,
appolinienne, ordonnée, stable. En phénoménologie la répétition est formée par
l’ensemble des « rétentions » et des « protentions »6 telles qu’elles obsèdent le sujet
de façon singulière et qui définissent les « formations persistantes » ou habitus7.

La jouissance : traduit l’au-delà de la répétition, c’est-à-dire la différenciation ou,


pour donner un terme plus marqué, la sublimation. On va aller au-delà du plaisir
procuré par la répétition qui rassure, au-delà des formes structurantes, à la
recherche de l’épreuve d’une « tension excessive »8, en direction de cet « en plus ».
La jouissance est ouverture totale à l’altérité, extase, oubli du centre et des repères
existants, excentrement. De nature dyonisiaque, la jouissance est l’événement où se
touche l’unité, l’amour, l’être. Elle est extatique au sens de la « jouissance
supplémentaire » dont parle Lacan dans Encore à propos des mystiques comme
Thérèse d’Avila, à savoir un état « qu’on éprouve et dont on ne sait rien »9.

La sécrétion : traduit l’activité de frottement du sujet avec le monde ; elle laisse des
traces et, ce faisant, indique les formes d’acceptation ou de rejet du monde. Référant
à la puissance propre de la singularité du sujet, la sécrétion procède comme une
sélection originaire qui, si on y regarde de près avec Bernard Stiegler – reprenant

5
Husserl, E., [1913], Idées directrices pour une phénoménologie et une philosophie phénoménologique pures,
Paris, Gallimard, 1950, § 35. & Merleau-Ponty, M., Phénoménologie de la perception, Paris, Gallimard, 1945, p.
XVI : « La vraie philosophie est de rapprendre à voir le monde ».
6
Husserl, E., [1905], Leçons pour une phénoménologie de la conscience intime du temps, Paris, Puf, 1964, §§
12-24
7
Husserl, E., [1929], Méditations cartésiennes, Paris, Vrin, 1931, § 38.
8
Nasio, J.D., Le Fantasme, Paris, Payot, 1992, p. 49, et Moulinier, D., Dictionnaire de la jouissance, Paris,
L’Harmattan, 1999, p. 195 : « Ce que j’appelle jouissance au sens où le corps s’expérimente est toujours de
l’ordre de la tension, du forcement de la dépense, voire de l’exploit » (Lacan cité par Moulinier).
9
Lacan, J., Encore, Paris, Seuil, 1975, p.98.

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© Veauce Populi, mai 2008

Husserl et Freud –, comprend un champ d’expériences traumatypiques, propre, et un


champ d’expériences stéréotypiques, impropre. Le champ traumatypique est formé
de « rétentions primaires » singulières, i.e. des sensations présentes qui, parce
qu’elles atteignent des niveaux élevés d’intensité, passent dans le champ des
« rétentions secondaires chargée traumatypiquement », i.e. des souvenirs vécus en
première personne par le sujet, intenses et tenaces qui forgent l’identité du sujet.
Celles-ci se distinguent des « rétentions secondaires stéréotypiques », i.e. des
souvenirs non vécus en première personne mais présents de façon durable à la
conscience comme les marques héritées – exemple les mots ou la construction de la
langue maternelle. Les brouillons de Flaubert donnent une illustration intéressante de
la sécrétion, qui témoignent du frottement de l’univers expérientiel et imaginaire de
l’écrivain, le champ traumatypique, avec la langue française existante, le champ
stéréotypique. D’un point de vue général, la sécrétion se laisse comprendre à travers
le concept derridien de « trace » dont la particularité est d’apparaître dans la
présence aussi vite qu’elle peut être recouverte : « Elle s’efface en se présentant,
s’assourdit en résonnant, comme le a s’écrivant, inscrivant sa pyramide dans la
différance »10. Il s’agit d’une « archi-écriture », non figée dans le gramme, sujette à
modification voire à élimination (la biffure) et signifiant « l’articulation » même entre le
sujet et l’objet, à savoir l’origine de l’expérience de l’espace et du temps11. En
reprenant la référence à Lacan, la sécrétion s’exprime comme « objet a », c’est-à-
dire comme construction symbolique et imaginaire de la réalité à travers les
fantasmes, les hallucinations, les rêves.... Elle est artificielle, ne se reproduit pas, a
partie liée avec l’inconscient et ouvre à l’œuvre.

La sépulture : traduit le restant anonyme issu d’une sécrétion qui s’est séparée du
processus d’existence de leur auteur. C’est par exemple le tableau qui va prendre
place dans l’exposition de l’artiste peintre : il ne lui appartient déjà plus. Il y a une
coupure avec le processus d’engendrement. La sépulture, c’est l’œuvre en tant que
processus achevé qui se replie comme un signe, avec un titre, une date et des
dimensions. La sépulture circule entre les mondes et entre en ligne de compte dans
le façonnage de l’existence collective ; son usage est social. Elle devient objet de
discussion, objet d’échange, objet de désirs et de spéculation. En tant que l’œuvre
est prothétique, elle relève du système technique qui forme, avec le système
psychique et le système social, une individuation « à trois brins » autant constitutive
du Je que du Nous12, revêtant ainsi un caractère politique. Résultante de la
sécrétion, l’œuvre « perce le mur » des stéréotypes et participe de ce que Beuys
appelle la sculpture sociale13.

4. Un Centre de Création, selon quelle organisation ?

Le Centre de Création << electrobolochoc>> est une excroissance institutionnelle de


l’Atelier séminal transdisciplinaire Electrobolochoc. Ce dernier sélectionne chaque
année, depuis 2005, quarante intervenants qui s’impliquent dans la réalisation

10
Derrida, J., Marges de la philosophie, Paris, Minuit, 1972, p. 24. Donnons ici une définition qui nous semble
parfaitement éclairer ce néologisme conceptuel cardinal dans la philosophie de Derrida : « La différance est donc
la formation de la forme », in De la grammatologie, Paris, Minuit, 1967, p. 92.
11
Cf. Derrida, J., De la grammatologie, Paris, Minuit, 1967, p. 96.
12
Stiegler, B., De la misère symbolique, t. 2, Paris, Galilée, 2005, p. 197.
13
Ibidem, p. 246.

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d’œuvres in situ dans un château au centre de la France, dans l’Allier, avec un


leitmotiv fort : toucher à l’essentiel de la création.

Le Centre de Création << electrobolochoc>> veut déployer des mondes


supplémentaires à l’Atelier, dans une dimension plus vaste, en mettant l’accent sur
sept plans :

1. ARCHITECTURE : architectes, urbanistes, botanistes, biologistes sont invités


à se pencher sur la problématique du végétal en milieu urbain, suivant l’axe
des jardins forêts. Curateur préssenti : Guillaume du Boisbaudry.

2. ART CONTEMPORAIN: la jeune création des artistes peintres et/ou


plasticiens européens, patiemment suivie depuis plusieurs années, sera
invitée à venir interagir et exposer. Curateur préssenti : Maité Vissault.

3. PHILOSOPHIE ET LOGIQUE : organisation de colloques autour de questions


de la pensée contemporaine, et en présence de penseurs d’aujourd’hui
notamment venus de pays francophone et européens sans exclusive. En vue
la logique de la création, la théorie des oppositions et la pensée politique de
l’altermondialisme. Curateurs préssentis : Alessio Moretti et Paul-Victor
Duquaire.

4. MUSIQUE ACTUELLE : organisation de plusieurs workshops de composition


et de musique contemporaine électronique et acousmatique, notamment
venue de pays francophone et européens sans exclusive. Curateur préssenti :
Dominique Martin.

5. DANSE & ARTS VIVANTS : organisation d’ateliers et représentations,


notamment venue de pays francophone et européens sans exclusive, autour
de thèmes directeurs comme la marche, le cercle, l’improvisation. Curateur
préssenti : Grégory Bonnault.

6. ELECTROBOLOCHOC: en perpétrant chaque année l’Atelier séminal


transdisciplinaire, au mois de mai, dans le Centre de Création, et en
essaimant l’esprit de l’electrobolochoc hors les murs via des electrobolochoc
exhibitions. Curateur préssenti : Catherine Duquaire.

7. EDITION : édition de catalogues, actes de colloques, site internet, animation


de blogs, archivage des contenus produits. Curateur préssenti : Bruno Van
Belleghem.

Chaque plan sera sous la responsabilité d’un curateur mandaté pour mener à bien
une politique culturelle singulière qui devra tenir compte des autres plans et s’afficher
comme novatrice dans son champ de référence. Un budget global sera divisé selon
les besoins de chaque plan.

Un directeur ainsi qu’un secrétaire général pourvoiront au bon fonctionnement


interne ainsi qu’à la visibilité externe du Centre de Création << electrobolochoc >>.

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© Veauce Populi, mai 2008

5. Principes structurants

Les principes structurants du Centre de Création << electrobolochoc>> sont : la mise


au monde des créateurs à travers l’accouchement de leur exceptionnalité, la
transdisciplinarité à travers l’ouverture aux autres langages symboliques, la
recherche du processus créatif à travers l’approfondissement individuel et collectif,
pratique et théorique, la responsabilité existentielle à travers l’implication de chacun
pour la viabilité du tout.

Le Centre de Création << electrobolochoc>> en tant que bâtiment sera lui-même


conçu suivant une architecture de la naissance, dans un lieu multipolaire où l’on ne
sait pas où l’on est, habité par la puissance de la vie.

Le Centre de Création << electrobolochoc>> en tant qu’institution de recherche


culturelle sera organisé suivant l’objectif de favoriser l’expression et la
compréhension du processus créatif et de ses composantes sous le double angle
subjectif et objectif, tel qu’il a été mis en germe dans le projet de recherche de
l’electrobolochoc : le déplacement, la répétition, la jouissance, la sécrétion, la
sépulture. Chaque composante sera explorée pendant trois ans, la première mettant
l’accent sur l’aspect subjectif, la seconde sur l’aspect objectif. La durée du Centre de
Création << electrobolochoc >> est donc de 15 ans.

6. Calendrier prévisionnel

Juin 2008 : rédaction de l’avant-projet validé par les curateurs pressentis


Juillet 2008 : présentation de l’avant-projet auprès des partenaires institutionnels et
politiques
Septembre 2008 : rédaction du projet
Décembre 2008 : validation politique
Janvier 2009-Décembre 2009 : travaux, mise en route du Centre de Création <<
electrobolochoc>>
2010-2012 : Le déplacement : archi/expo/colloque/musique/danse/electro/édition
2013-2015 : La répétition : archi/expo/colloque/musique/danse/electro/édition
2016-2018 : La jouissance : archi/expo/colloque/musique/danse/electro/édition
2019-2021 : La sécrétion : archi/expo/colloque/musique/danse/electro/édition
2022-2024 : La sépulture : archi/expo/colloque/musique/danse/electro/édition

7. Grandes masses du budget annuel prévisionnel

Personnel : 1 directeur + 1 secrétaire général + 7 curateurs = 450 K€ + 7 personnels


techniques 250 K€
Exploitation du site : 100 K€
Budget (3.1 à 3.7) : 100 K€/plan *7 = 700 K€, incluant communication
Total : 1,5 M€

8. Lieu

Auvergne ou Rhône-Alpes

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9. Partenaires

A. Publics

Ville
Conseil Général
Conseil Régional
DRAC
UE

B. Culturels

Universités
ENS
ATP
FRAC
Vidéoformes
Creux de l’enfer
Les subsistances
BF 15

C. Financiers

Electronic arts, Infogrames


BNPPARIBAS
DESICO
LMP Duquaire Conseil

D. Autres

Fondation Bullukian
Warhol Foundation

10. Indicateurs

ETAT :
Budget 2007 : 380 Mds€
Culture 2,688 Mds€

REGION AUVERGNE
Budget 2007 : 500 M€
Culture sport et loisirs : 18 M€

REGION RHONE-ALPES
Budget 2007 : 2,2 Mds€
Culture et sport: 88 M€

DEPARTEMENT DE L’ALLIER
Budget 2007 : 424 M€

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© Veauce Populi, mai 2008

Culture : 8,3 M€

DEPARTEMENT DU PUY DE DOME


Budget 2007 : 587,59 €
Sport, culture, jeunesse : 18,12 M€

DEPARTEMENT DU RHONE
Budget : 1,652 Mds€
Culture et sport : 80 M€

DEPARTEMENT DE L’ESSONNE
Budget : 1,17 Mds€
Culture, sport et loisir : 10 M€

VILLE DE LYON
Budget 2007 : 854 M€
Budget culture : 94 M€
Budget arts plastiques : 1,15 M€

MOULINS COMMUNAUTE
Budget 2007 : 36 M€
Budget enseignement, sport, culture : 2,8 M €

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Curateurs pressentis

Guillaume du Boisbaudry

Architecte franco-canadien. Références : Ecole d’architecture de Paris. Travail sur


les jardins-forêts.

Grégory Bonnault

Danseur, chorégraphe. Références : Domaine de Chamarande.

Catherine Duquaire

Artiste. Références : Exposition personnelle au Centre d’art de Dompierre/Besbre,


2005.

Paul-Victor Duquaire

Philosophe. Références : Président de l’association Veauce Populi qui organise


Electrobolochoc, plus de 100 membres.

Dominique Martin

Musicien. Références : Trio Perséphone à Clermont-Ferrand.

Alessio Moretti

Logicien. Références : Université de Neuchâtel, Suisse. Président de l’ATP, Nice

Bruno Van Belleghem

Peintre. Références : Primé à l’exposition de peinture du Grand Palais en 1989.

Maïté Vissault

Commissaire d’expositions. Références : Exposition Beuys. Ville d’Essen.

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