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Hadot, Pierre
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MUSEUM HELVETICUM
Vol. 36 1979 Fasc. 4
15 Museum Helveticum
202 Pierre Hadot
8 Aristote Metaphys. 1026 a lOsq. Sur les problemes de critique textuelle poses par ce passage,
cf. Ph. Merlan, From Platonism to Neoplalonism2 (La Haye 1960) 62sq.
9 Sur ces problemes, cf. H. Happ, Hyle. Studien zum aristotelischen Materie-Begriff (Berlin
1971) 565-569.
10 Aristote Metaphys. 982 a 26.
11 Aristote Metaphys. 1026 a 23.
12 Aristote Metaphys. 1025 b 9 et 19.
13 Cf. H. J. Krämer, Der Ursprung der Geistmetaphysik2 (Amsterdam 1967) 146, n. 66.
14 Platon Politique 258 e.
15 Platon Republ. 510-511; cf. H. Happ, Hyle 567. Sur la liaison entre l'äme et les ua9n.uaTiicd,
cf. Ph. Merlan, From Platonism to Neoplalonism2 11 et 82.
204 Pierre Hadot
premidre et l'on passe souvent insensiblement des unes aux autres17. D'autre
part le schdma du livre E ne dit rien de la place de la dialectique et de l'analy-
tique dans l'ensemble des sciences, et par ailleurs, il faut bien constater que
dans les traitds consacres ä l'analytique bien des questions se rapportant ä la
phüosophie premidre sont dgalement traitees18. Enfin la complexite reelle de la
phüosophie premidre n'apparait pas dans le schdma du livre E: pourtant eile est
ä la fois ontologie generale, theorie de l'oöoia, etude des principes, et thdolo¬
28 Aristote Eth. Nicom. 1094 b 11. 29 Aristote Phys. 193 b 22; Part. Animal. 639 a 1.
30 Aristote Metaphys. 1025 b 28.
31 Aristote Part. Animal. 642 b 5; Gen. Animal. 748 a 8; Eth. Nicom. 1107 a 28.
32 Aristote Phys. 204 b 4. 10; Eth. Nicom. 1147 a 24sq; Gen. Corrupt. 316 a 11; De Caelo 280 a 32;
Analyt. 84 a 8; cf. M. Mignucci, L'argomentazione dimostrativa in Aristotele I (Padoue 1975)
484sq.
33 Cf. plus bas, n. 66-69.
34 Sextus Empiricus Adv. Math. 7, 16.
35 Diogene LaeTce4, sq. 11
denne? J'en doute beaucoup pour les raisons suivantes. II semble bien que les
Stoiciens aient dtd les premiers ä employer le mot «logique» (rö äoyiköv nepoc;)
pour ddsigner une partie de la phüosophie, et que la presence du mot «logique»
dans les tdmoignages tardifs que nous venons de citer trahit seulement
l'influence du vocabulaire stoiden. C'dtait d'aüleurs dejä l'opinion de R. Hir-
zel37, il y a exactement cent ans, dans son article De Logica Stoicorum. En effet,
il n'existe avant les Stoiciens aucun texte, aucun titre de livre, platonicien ou
aristotdlicien, qui atteste l'emploi du mot «logique» pour ddsigner une partie de
la phüosophie.
On m'objectera dvidemment le fameux texte des Topiques38 d'Aristote qui
distingue les prdmisses en prdmisses physiques, dthiques et logiques. Mais,
malgrd les apparences, ce texte ne peut faire allusion ä une verkable division
des parties de la phüosophie. Tout d'abord, Aristote le dit lui-meme, dans le
contexte, la division en question n'est qu'une mdthode approximative39 pour
classer les opinions recjues ou les diffdrentes thdses que le futur dialecticien
glanera au cours de ses lectures afrn de constituer un recueil de prdmisses utili-
sables dans la discussion. C'est donc le classement d'un fichier ou d'un carnet de
notes. Mais surtout, ü faut Interpreter ici Ä.oyiKÖcj conformdment au sens gdnd-
ral qu'il a chez Aristote. Nous avons bien vu tout ä l'heure40 qu'Aristote emploie
le mot XoyiKÖc,, par Opposition ä une mdthode «physique» ou «analytique»,
pour ddsigner une mdthode purement formelle, fondde sur l'analyse d'une
definition (Xöyoc;)41 et non sur les prindpes propres d'une science determinee.
Le terme XoyiKÖc; ne designe donc pas une disdpline qui serait sur le meme plan
que l'dthique ou la physique, mais un procedd purement formel qui peut etre
utilisd aussi bien en dthique qu'en physique. Je pense donc que l'on peut, avec
Alexandre d'Aphrodise42, comparer ce classement en propositions dthiques,
physiques et logiques, avec celui des probldmes dialectiques, proposds dans les
Topiques43 quelques pages plus haut par Aristote oü l'on retrouve d'une part
l'opposition fondamentale entre problemes dthiques et probldmes physiques,
d'autre part la catdgorie indistincte des probldmes qui, selon Aristote, ne sont
que des instruments permettant de discuter des probldmes dthiques ou phy¬
siques. Ajoutons ä cela qu'U est peu vraisemblable qu'Aristote, dans un traitd
comme les Topiques, oü il traitait de la dialectique, au sens aristotelicien (c'est-
ä-dire comme technique differente de la phüosophie), ait employd le mot «lo-
37 R. Hirzel, De Logica Stoicorum, Satura Philologa (Festschrift Hermann Sauppe) (Berlin 1879)
64sq.
38 Aristote Top. 105 b 19.
39 Aristote Top. 105 b 19: äc, ruittp.
40 Cf. n. 32.
41 C'est ce qui apparait clairement en Phys. 204 b 4. 10; De Caelo 280 a 32; Analyt. 84 a 8; Gen.
Animal. 747 b 28.
42 Alexandre d'Aphrodise In Top. p. 74, 26 et 94, 7 Wallies.
43 Aristote Top. 104 b 1.
208 Pierre Hadot
ner cette impression: nous aurons ä y revenir47. Mais - et c'est ici que nous
arrivons ä l'examen du deuxieme type de Classification - la ndcessitd interne du
systdme stoicien l'a conduit inevitablement ä substituer ä cette reprdsentation
hierarchique celle d'une continuite dynamique et d'une interpenetration reci-
proque entre les parties. Cette unite des parties de la phüosophie se fonde sur
l'unite dynamique de la realite dans la phüosophie stoidenne. C'est le meme
Logos qui produit le monde, iüumine l'homme dans sa facultd de raisonner et
s'exprime dans le discours humain, tout en restant foncidrement identique ä lui-
meme ä tous les degrds de la realite. La physique a donc pour objet le Logos de
la nature universelle, l'dthique le Logos de la nature raisonnable humaine, la
logique ce meme Logos s'exprimant dans le discours humain. D'un bout ä
l'autre, c'est donc la meme force et la meme realite qui est ä la fois Nature
crdatrice, Norme de la conduite et Rdgle du discours48. La methode dialectique
platonidenne et la mdthode d'abstraction aristotelicienne permettaient d'eta-
blir une diffdrence de niveau entre le sensible et les Formes ou Essences: elles
fondaient ainsi une hierarchie entre les parties de la phüosophie. Mais, comme
le dit remarquablement E. Brdhier: «Nul procddd methodique de ce genre dans
le dogmatisme stoicien; il ne s'agit plus d'dliminer la donnde immddiate et
sensible, mais tout au contraire de voir la Raison y prendre corps... c'est dans les
choses sensibles que la Raison acquiert la pldnitude de sa realitd.»49 Les diffe-
rences de niveau ontologique s'estompent donc et avec elles les diffdrences de
niveau entre les parties de la phüosophie. Comme le dit encore E. Brdhier:
«C'est une seule et meme raison qui, dans la dialectique, enchaine les proposi-
tions consdquentes aux antdcddentes, dans la nature lie ensemble toutes les
causes, et dans la conduite etablit entre les actes le parfait accord. II est impos¬
sible que l'homme de bien ne soit pas le physicien et le dialecticien: il est impos¬
sible de realiser la rationalitd separdment en ces trois domaines et par exemple
de saisir entidrement la raison dans la marche des evenements de l'univers sans
realiser du meme coup la raison en sa propre conduite.»50 Cette interpenetra¬
tion redproque correspond ä un moddle de rapport eher aux Stoiciens, dont on
trouve d'autres exemples aussi bien en physique, ä propos de l'enchainement
des causes, qu'en dthique, ä propos des rapports entre les vertus, ä savoir le
rapport appeld dvraKoAouSia51. Les parties lides par un tel rapport s'impli-
quent rdeiproquement et ne se distinguent que par l'aspect propre qui leur
donne leur nom. C'est ainsi que chaque vertu est toutes les autres, mais ne s'en
distingue que par la predominance d'un aspect. C'est conformement ä ce mo-
ddle que l'on peut dire: la logique implique la physique, parce que la dialec¬
tique implique l'idde de la rationalitd de l'enchainement des evenements52 et
eile imphque l'dthique, puisque, pour les Stoiciens, la dialectique est une vertu
qui comprend eüe-meme d'autres vertus comme par exemple l'absence de
predpitation dans le jugement ou la circonspection53 et que d'une manidre
gdnerale bien moral et mal moral sont affaire de jugement54. A l'inverse, phy¬
sique et dthique impliquent la logique, puisque comme le dit Diogdne Laerce55,
«tous les thdmes de la physique et de l'dthique ne peuvent etre examines qu'en
recourant ä un exposd discursif». L'dthique implique la physique, parce que,
selon Chrysippe, «la distinction des biens et des maux ddrive de Zeus et de la
Nature universelle»56. La physique, enfin, implique l'dthique dans la mesure oü
la connaissance du monde et des dieux est la fin de la nature raisonnable57 et
exerdce spirituel: la physique comme exercice spirituel nous fait prendre cons-
dence de notre place dans le cosmos et nous fait accepter les evenements avec
amour et complaisance pour la volontd du Logos universel64; l'dthique comme
exercice spirituel nous fait conformer nos actions ä la tendance fondamentale
de la nature humaine en tant que raisonnable, c'est-ä-dire qu'elle nous fait
pratiquer la justice et l'amour de nos semblables; la logique comme exercice
spirituel nous fait critiquer ä chaque instant nos reprdsentations, pour qu'aucun
jugement ddraisonnable ne s'introduise dans la chaine de nos pensdes. Dans
cette perspective, les trois parties de la phüosophie ne sont plus que trois aspects
de l'attitude spirituelle fondamentale du stoicien: la vigilance. C'est le sens de
cette pensde de Marc Aurdle: «Partout et constamment, il ddpend de toi, (pre-
midrement) de te complaire pieusement dans la presente conjonction des evene¬
ments (c'est la physique comme exercice spirituel), (deuxidmement) de te
conduire avec justice envers les hommes prdsents (c'est l'dthique), (troisidme-
ment) d'appliquer ä la presente representation les rdgles de discernement, afin
que rien ne s'infiltre qui ne soit objectif.»65 Ici encore apparait clairement la
simultanditd, dans l'instant prdsent, des trois activites phüosophiques.
Les manuels platonidens de l'epoque imperiale, probablement sous la
lointaine influence d'Antiochus d'Ascalon, qui recherchait une synthese entre
aristotdlisme, platonisme et stoicisme, restent fiddles ä l'esprit du stoicisme,
lorsqu'üs reconnaissent dans la structure trinitaire de la phüosophie le fonde-
ment de son caractdre systematique. On trouve ce thdme chez Diogdne Laer¬
ce66, Apulde67, Atticus68 et Augustin69. Ils attribuent ä Platon lui-meme le
mdrite d'avoir fait de la phüosophie un corpus, un organisme vivant, complet et
achevd, en rdunissant ä la physique et ä l'dthique la dialectique. Certains70 ne
laissent ä Platon que le mdrite d'avoir rduni ensemble trois disciplines pre-
62 Epictete Entretiens 1,4, 11; 3, 2, 1; 2, 8, 29; 2, 17, 15.31; 4,4, 16; 4, 10, 13.
63 Cf.P. Hadot, Une cie des Pensees de Marc-Aurele: les trois topoi phüosophiques Selon Marc
81 Par exemple, Simplicius In Categ. p. 4,23 et 5,3 Kalbfleisch; Elias In Categ. p. 115-119 Busse,
qui enumere diverses theories aristoteliciennes concernant l'ordre d'enseignement, ce qui
montre que, meme dans l'aristotelisme. le probleme n'etait pas si facile ä resoudre.
82 Aristote Analyt. 72 a; cf. M. Mignucci, L'argomentazione dimostrativa di Aristotele I 30.
83 V. Goldschmidt, Temps historique et temps logique dans l'interpretation des systemes phüoso¬
phiques, Actes du Xle Congres international de Phüosophie XII (Bruxelles 1953) 7-13.
214 Pierre Hadot
disciples laphüosophie doit etre prdsentee d'une manidre discursive, donc gräce
ä une succession d'arguments qui impose un certain ordre: il faut dire teile
chose avant teile autre. Cet ordre, c'est le temps «logique». Mais l'exposd
s'adresse ä un auditeur et cet auditeur introduit une autre composante, ä savoir
les phases, les etapes de son progrds spirituel: il s'agit cette fois d'un temps
84 J'empruntecet exemple ä V. Goldschmidt, Temps historique et temps logique 11, qui cite
Descartes, Reponsesaux Secondes Objections(contre les... Meditations), dans: Ch. Adam et P.
Tannery, CEuvres de Descartes IX 103-104.
85 Cf. n. 82. On trouve dans l'oeuvre d'Aristote certaines notations pedagogiques: par exemple
l'ethique, cf. A. Mehat, Essai sur les Stromates de Clement d'Alexandrie (Paris 1966) 77sq.
94 Diogene Laerce 7,49; 7, 84; 7, 132. 95 Ciceron De fin. 3,4, 14sq.
96 Cf. V. Goldschmidt, Le Systeme stoicien et l'idee de temps 62.
216 Pierre Hadot
107 Diogene Laörce 7,40 (je Iis TtpoKEKpiadai avec les mss.).
108 SVF II20, 10 Plutarque De Stoic. repugn. 1035 e).
109 I. Hadot, Seneca 52-56; du meme auteur, Epicure et l'enseignement phüosophique hellenis-
tique et romain, Actes du VHIe Congres de 1'Association Guillaume Bude (Paris 1968) 347-
353.
16 Museum Helveticum
218 Pierre Hadot
programme des etudes phüosophiques de la fin du ler sidcle ap. J.-C. jusqu'ä la
116 Origene In Cant. prol. p. 75, 6 Baehrens. Cf. Evagre le Pontique Praktikos § 1
Guülaumont.
117 Calcidius In Tim. p. 170, 7 et 277, 5 Waszink.
220 Pierre Hadot
Epicteti (Kiel 1897) 14; Aulu-Gelle Noct. Att. 1, 9, 9; Porphyre Vit. Plot. § 14; Marinus Vita
Prodi p. 157, 7sq. Boissonade. Voir aussi Elias In Categ. p. 115-119 Busse, sur l'ordre d'etude
des parties de la phüosophie.
Les divisions des parties de la phüosophie dans l'Antiquite 221
Dans la preface de la premidre edition de son ouvrage «Die Welt als Wille
und Vorstellung», Schopenhauer dcrit: «Un systdme de pensdes doit toujours
avoir la cohesion d'une architecture: en d'autres termes, une cohesion teile que
toujours une partie en supporte une autre, mais pas l'inverse: la pierre de base
doit finalement supporter toutes les autres, sans etre elle-mdme supportde et le
sommet doit etre supporte par le reste, sans rien supporter ä son tour. Au
122 Albinus Isagoge, dans C. F. Hermann, Piatonis Opera VI (Leipzig 1853) 147-151, cf. R. Le
Corre, Le prologue d'Albinus, Revue phüosophique 81 (1965) 28-38. Albinus propose un
ordre de lecture fonde sur les dispositions du disciple et sur le progres spirituel.
123 Comparer Marinus Vita Prodi p. 157, 41 Boissonade; Simplicius In Phys. p. 5, 29 Diels et In
Categ. p. 5, 3sq. Kalbfleisch; Anonymous Prolegomena to Piatonic Philosophy 10, 26, p. 49, 1
Westerink.
124 Cf. I. Hadot, Le probleme du neoplatonisme alexandrin 160sq.
contraire une idde unique, si enveloppante soit-elle, doit garder l'unite la plus
parfaite. Meme si l'on doit la diviser en parties pour la communiquer, il n'en
reste pas moins qu'ä nouveau la cohdsion de ces parties doit dtre organique,
c'est-ä-dire teile que chaque partie y contribue au maintien du tout et soit main-
tenue ä son tour par le tout, aucune n'etant la premidre, aucune la dernidre;
l'idde totale gagne en clarte par l'exposd de chaque partie, mais aussi la plus
petite partie ne peut etre compldtement comprise sans qu'auparavant le tout
n'ait ddjä dtd compris.» Schopenhauer oppose ici «systdme de pensdes» et «idde
unique», mais on pourrait dire tout aussi bien qu'il oppose deux types de sys¬
tdme: le systdme de type architectural, ou pour reprendre l'expression de Leise¬
gang dans ses «Denkformen»127, la pyramide de concepts, d'une part, et, de
l'autre, le systdme de type organique. On reconnaitra ces deux types de systdme
dans les deux premiers types de Classification que nous avons distinguds. La
Classification platonico-aristotdlicienne suppose une cohdsion de type architec¬
tural: les degrds inferieurs de la hidrarchie ontologique ne peuvent exister sans
les degrds supdrieurs, mais ceux-ci peuvent exister sans les degrds infdrieurs128.
Au contraire, la Classification stoicienne suppose une cohdsion de type orga¬
nique: les parties de la phüosophie, ou plutöt les parties du discours phüoso¬
phique, forment systdme, parce qu'elles sont un ensemble de pensdes organi-
sees, mais elles rdvdlent les trois aspects d'une seule et meme idde, qui est celle
de Logos, et elles imitent, dans leur impücation rddproque, l'unitd dynamique
de cet unique Logos129.
Ces deux types de Classification ddcrivent, chacun, un type ideal de sa¬
gesse: pour le premier, la sagesse est un savoir universel qui embrasse l'architec-
ture du systdme des sciences, leurs methodes et la diversitd de leurs objets; pour
le second, la sagesse est une attention concentree sur la prdsence du Logos en
toutes choses. Le troisidme type de Classification ne ddcrit plus un type iddal,
mais un itindraire, une mdthode concrdte, qui mdne ä la sagesse. II peut autori-
ser des classifications diffdrentes: les diffdrents ordres des parties de la phüoso¬
phie dans le systdme stoicien, ou la tripartition: dthique - physique - dpoptique
dans le systdme neoplatonicien; mais ces classifications diffdrentes restent de
meme type, parce que, chez elles, les parties de la phüosophie sont concues
comme les dtapes d'un chemin intdrieur qu'il faut parcourir, les phases d'une
evolution et d'une transformation qu'il faut realiser. Ce troisidme type est
proprement philo-sophique, au sens etymologique du mot, puisqu'il corres-
127 H. Leisegang, Denkformen2 (Beriin 1951) 208, qui cite le texte de Schopenhauer dont nous
parlons.
128 La metaphore de Schopenhauer est en effet ici inversee: c'est cette fois le superieur qui fait
exister Pinferieur. Mais l'essentiel de la metaphore est sauvegardee: les relations entre les
parties du Systeme ne sont pas reriproques.
129 V. Goldschmidt (Le Systeme stoicien 64) fait allusion, ä propos du stoicisme, au texte de
130 Cf. P. Hadot, Exercices spirituels, Annuaire de la Ve Section de l'Ecole des Hautes Etudes 84,
25-70. Sur le philosophe, en quete de la sagesse, cf. Platon Banquet 203 d oü coincident la
figure d'Eros, celle de Socrate et celle du phüosophe.