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AU BOUT DE L’ESCALIER

par Guillaume Simard

J’ai hurlé.

Personne ne m’a entendu, personne ne l’a su, mais j’ai hurlé.

J’étais debout, derrière le bureau de réception. J’étais immobile, les mains collées sur le
comptoir. Ma cravate noire devenait trop serrée. Ma peau se teintait de rouge. Il y avait
de l’écho dans ma tête.

La cliente devant moi était floue. Lui remettre la clé de sa chambre était devenu
difficile.

Il était au bout de l’escalier central. Une femme lui tenait le bras gauche. Le couple
descendait, lentement, élégamment.

La cliente me posait des questions. Je ne l’écoutais pas.

Le téléphone avait sonné, mais je n’avais pas répondu. Ma collègue s’en était chargée.

Je le regardais descendre, cet homme, ce monstre. Je ne l’avais jamais revu. Mais trente-
deux ans plus tard, je l’avais reconnu.

Sa femme portait une longue robe noire. Lui, un complet. Blanc et noir. Et une cravate,
mince, comme la mienne.

Il circulait librement, frôlait d’autres clients et souriait à tous ceux qui lui souriaient.

Je reconnaissais ses mains, grandes, fortes… Ses veines étaient gonflées. Je revoyais le
soir où tout s’était passé, où il était devenu un criminel.
Ils avaient atteint le hall d’entrée. Ils se dirigeaient vers la réception. Et son regard a
croisé le mien.

Il s’est arrêté. Il s’est retourné et a tiré sa femme par le bras.

Il a été le seul à m’entendre crier.

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