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  • 07 Flichy

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    VERS UN NOUVEAU MODELE DE GESTION DES RESEAUX DE COMMUNICATION ? Patrice FUCHY © Réseaux n? 66 CNET - 1994 n matitne de politigue de 1élécom- (décennies quatre-vingt et quatre- vingt-dix apparaissent tres largement comme celles de la déréglementation A la secille dune libéralisation complate des té 1écommunications en Europe. alors que les interventions de la Commission de Bruxelles ont été un aiguillon pour la mise ‘en place de ces nouvelles régles, il apparait nécessaire de s intesroger sur les différents aspects des tansformations des politiques publiques de télécommunications et d’au- Giovisvel Remarquons tout d’abord que Ie concept do déréglementation n'a pas vrai ment le méme sens sur les deux rives de V'Atlantique En Amérique. comme I’a ‘montré Jean-Paul Simon dans un excellent ‘ouvrage de synthése (1), la déréglementa- tion s"inserit dans toute une tradition poli- ligue et judiciaire celle de 12 lutte contre les monopoles en favorisant la concur- rence, les pouvoirs publies défendent le consommateur En Europe, si 1a Commis- sion a élaboré une doctrine assez proche de celle des Etats-Unis, il en est tout diffe remment de Ja position des Etats natio- rnanx Pendant longtemps, la déréglementa- (1sSIMON, 1995 {2)NOAM, 1992, tion a signifié ici ouverture d'une activité publique 2 des entreprises privées Les gouvernement ont soit privatisé les insti- tutions publigues (British Telecom dans fe cas des télécommunications, TF] dans ce- lui de la radiotélévision), soit ouvert le secteur & des entreprises & capitaux privés (Mercury. Fininvest) Ce double caracttre de la déréglementation européenne (priva- tisation, concurrence) montie qu’ll s'agit aun phénoméne complexe dont il faut bien mesurer les différentes dimensions Dans les années soixante-dx en Europe, ‘on dgort souvent le modele dominant des services de communication comme celui d'un monopole public, proposant des ser- vices universels de masse sur une base n2- tionale Peut-on dite que la déréglementa- tion construit un modéle exactement inversé services concurrentiels, privés, pour des publics spécifiques et éitaires sur une base régionale ou internationale ? Rien n'est moins sir Contrairement & ce que laisse entendre Eli Noam (2), il n'y avait pas un modele unifig des PTT iss @une conception ab- solutiste de I’Etat (dont ATT n’était qu'une variante nord-amérieaine) auguel sopposerait & l'avenir un patchwork de centaines de réseaun interconnectés « des- servant des zones géographiques diffé- rentes, des classes d'uuilisateurs, et des types de services particuliers avec nulle classification bien nett, ni découpage pos- sible» Je voudrais montrer dans cet ar- ticle que le mode d’organisation des ré- seaux de communication était plus diversifié qu'on ne Ie pense, que les now velles formes de Vavenir seront probable- ‘ment encore plus diverses et qu’elles ame- neront une recomposition des différents caractéres organisationnels Si on peut distinguer cing caractéris- Liques des services de communication qui peuvent prendre deux formes Ces diffé- rents items peuvent se combiner autrement aqu’ils ne le sont dans les deux colonnes da tableau ci-dessous L*histoire des poli- tiques de communication montre que le modéle de monopole de service public des années soixante est le résultat d'une construction sociale complexe, qui a dé: bouché sur un systme relativernent stable mais qui n'a jamais été unique en Europe Le travail de recomposition en cours ne _générera probablement pas un modele en {out point inverse du précédent Pour com: rendse cette Evolution, il est nécessaire examiner successivement les cing carac- Aristiques suivantes des systémes de com- ‘munication Monopole — Coneunenoe Public | Prive \ | Universet |Spécifique Masse Elite | National Régional ow international _| Monopole/concurrence Contrairement & ce qu’écrit Eli Noam, les services de télécommunications n'ont pas été gérés dans un cadre monapoliste Bs Vorigine Ce fut le cas de la France mais if s‘agit /& d'une situation relative- ment exceptionnelle, puisque en Angle- terre comme aux Etats-Unis, le tlégraphe démarre dans un cadre concurrentiel Aux Etats-Unis, on vingt ans, un monopole privé se constitue (la Western Union) Dans I’Angleterre libérale du XIX" sidcle, c'est par Ta voie d'une nationalisation, 1a premiére de l'histoire moderne, que le ‘gouvernement constitue un monopole télé graphique [en est de méme pour la radio- iffusion, si en Angleterre le monopole de a BBC est constitus en 1922, en France, au contraire, so développe pendant l'entre- ‘deux-guerres un systéme minte concurren- ticl avec des stations privées et publiques ‘Comment expliquer que, dans la plupart des cas, on soit passé dune situation concurrentielle & une situation de mono- pole L'explication avancée par les écono- mistes est gu’on se trouve dans un cadre de monopole naturel Les économies d'échelle et d'envergure sont telles que Ja situation de monopole est plus efficace (2) ALLEN, 1092 (i COASE, 1950 Les débats récents qui ont accompagné la déréglementation ont alimenté d’abon- antes controverses entre économistes sur cette question, I'efficacité des monopoles naturels n'est done plus wniversellement aadmise On peut toutefois se demander si la réponse cette conuoverse se trouve du ‘t6 de l'économie David Allen a montré ue, sur un certain nombre de questions importantes touchant & I’économie des té- Iécommunications (subventions croisées ‘entre communications locales et appels & longue distance, le risque d°éerémage des liaisons rentables par des concurrents noritaires. }, on a rencontré les positions les plus diverses parmi les économistes américains (3) En definitive, les argu- ‘ments avaneés pour le démantelement ATT ont été beaucoup plus de nature ju- ridigue qu’ économique Dans un livre neftement plus ancien sur le monopole de Ia BBC, RH Coase, ré- cent prix Nobel d’économie, estimait que les justifications techniques ou écono- migues du monopole sont peu convain- ccantes (4) Il expliquait plut6t Ia consti tion de fa BBC par un enchainement de hasards historiques qui ont produit un consensus dans la classe politique an- ‘glaise Derrire la question du monopole, pointent d'autres problémes, celui du ser vice public notamment Ty a-en fait deux traditions politiques en Amérique du Nord et en Europe qui aménent & réagir différemment face aux monopoles Si on admet qu'il y a une ten- dance naturelle dans une activité fortement ‘capitalistique comme la gestion des ré- seaux & Ia constitution de monopole, le pouvoir politique peut soit contrecarrer cette tendance en démantelant les mono- poles, c'est la tradition américaine de I’ac- tion antitrust, Soit mettre les monopoles au service de la communauté nationale, "est la nationalisation des services publics pra- tiguée en Burope Toutefois, au sein d'une communauté européenne inspiration li- Ddérale, telle qu'elle a été définie par le traits de Rome et les accords sur le grand marché, la perspective américaine est en train de se substituer & la vieille tradition de monopole public Public/privé Le principe de la gestion publique des systémes de communication date du XIX*siécle En France, les justifications de intervention de Etat furent successive- ment des raisons militaires et policiéres, puis celle de Ia rareté des réseaux (au iécle suivant on évoquera la rareté des fréquences) et enfin la perspective saints monienne d'une intervention de l'Etat our construire les infrastructures néces: saires au développement économique En Angleterre, la nationalisation du télé~ graphe (1868) fur réclamée par les chambres de commerce, celles-ci souhai- taient que le service soit disponible en tout point du terrtoire britannique et non sim- plement dans les grandes villes indus- tielles (5) AUX Etats-Unis, Ja premitre ligne t1é- ‘graphique construite par Morse fut réalisée ‘dans un cadre public La faiblesse de Etat fédéral en ce milieu du XIX* sitcle amena celvi-ci & renoncer Le télégraphe fut construit par des entreprises privées Ce choix ne fut jamais remis en cause par la suite Quand, lors de Ja Premitre Guerre ‘mondisle, les militaies voulurent instituer 1un monopole public sur les télscommuni- cations hertziennes, ils se heurtérent & opinion publique qui voyait 12 une at- twinte inadmissible aux libertés A la fin du XIX® sitcle, les modeles du public et du privé avaient done pris leur forme definitive avec le télégraphe Le dé- veloppement du téléphone va amener 2 re- considérer ce modéle En Allemagne, le ‘léphone fut pris en charge par l'adminis- tration postale Par contre en France, comme en Angleterre, le téléphone est abord lanes par des sociétes privées Il sera rapidement nationalisé en France, il le sera plus tardivement outre-Manche Dans entre-deux-guerres, la question du r6le de 1’ Etat dans la gestion du téléphone est lon- guement débattue dans les deux pays En France, on envisage ts sérieusement la privatisation et finalement, en 1923, on donne une autonomie de gestion aux PTT ‘en rant le budget annexe On se rap- proche ainsi d'une gestion industrielle ct commerciale puisque les PTT doivent Squilibrer leurs comptes His ne peuvent pas recevoir de subvention du budget gé- néral, et a I'inverse la taxe téléphonique

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