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Esa dulcísima virgen del desierto (...) tiene no sé qué atractivo irresistible para mí
: su corazón es mío, su alma es mía, su sangre llama a mi sangre ; los lazos de
afecto que nos unen en nada se parecen a los amores vulgares : son lazos tejidos por
ángeles.
La forme quelque peu abrupte que j'ai utilisée pourrait faire croire à qui
ne connaîtrait point les œuvres en question que nous avons affaire à une
littérature scandaleuse : rien de plus inexact. Il s'agit au contraire de
romans tout à fait édifiants que l'on pourrait qualifier de « tous publics ».
Nous sommes encore très loin de Robert von Musil et de L'homme sans
qualités où non seulement le frère et la sœur s'aiment en toute
connaissance de cause, mais où encore ils vont jusqu'à la consom-
mation de l'inceste. Il nous faut donc justifier notre thèse avant d'en
développer les conséquences.
Le cas de Aves sin nido est fort simple : Manuel a un père putatif (don
Sebastián) dont il sait lui-même qu'il n'est pas son père naturel, Margarita
croit être la fille de Juan Yupanqui, mais sa mère, avant de mourir, confie
à Lucía le secret de sa conception. La double révélation qui se fait à la
dernière page du roman nous apprend que ces deux jeunes gens, que rien
en apparence ne semblait rapprocher si ce n'est un classique coup de
foudre, sont enfants du même père, évêque pour tout arranger. L'amour de
Margarita et Manuel peut donc naître et se développer en toute tranquillité
puisque personne ne connaît leur parenté. La double révélation arrive au
moment voulu, celui des fiançailles, pour éviter le pire, c'est-à-dire
l'inceste. Comme un bon roman feuilleton, Aves se termine sur la
consternation générale provoquée par la révélation de la parenté, laissant à
l'imagination du lecteur le soin de dériver le dénouement. On sait que
Clorinda Matto écrivit la suite de l'histoire dans le roman índole paru 2 ans
plus tard, et où elle sépare très moralement les deux jouvenceaux.
Nous sommes donc ici dans une situation d'amour incestueux tout à
fait innocent où, grâce aux courageuses révélations des deux mères, la
consommation est évitée et la morale sauve. On peut souligner au passage
le recours très mélodramatique au secret et à la révélation in extremis.
Bien que l'histoire soit très différente, la situation dans Cumandá est
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analogue et même plus extrême puisque Carlos et Julia sonj: frères de
père et de mère. Ici c'est le recours non moins mélodramatique à l'enfant
sauvée de l'incendie par sa nourrice puis élevée comme une jeune Indienne
dans l'ignorance totale de ses origines, qui constitue le levier nécessaire à
la séparation du frère et de la soeur. La révélation finale se fait là encore
par une double voie : la petite bourse en peau d'écureuil contenant le
portrait de la mère et conservée comme talisman, et les aveux des parents
nourriciers devant l'imminence de la mort. Mais il faut observer que dans
Cumandá la révélation de la parenté est superflue en quelque sorte
puisqu'elle ne constitue pas l'obstacle réel à la consommation de l'inceste,
c'est la mort de la jeune fille qui est l'issue logique de la situation créée. De
même que sur le plan de l'intrigue Cumandá ne pouvait pas appartenir à
Carlos, de même sur le plan symbolique la sœur ne pouvait pas être
l'épouse du frère.
La mort est aussi dans María l'issue inéluctable de l'amour : annoncée
dès le début par de multiples signes, pressentie par Maria, la mort est son
seul destin possible. Soit, mais tout de même, les choses sont différentes,
Efrain et Maria ne sont pas frère et soeur. Certes, ils sont seulement
cousins, et encore au deuxième degré, mais ils ont été élevés comme frère
et sœur : Maria, recueillie par les parents d'Efrain à la mort de sa mère, a
été traitée comme une fille de plus, et elle considère ses parents adoptifs
comme ses propres père et mère. Il faut encore noter le constant
parallélisme entre Maria et Emma, souligné tout au long du roman qui fait
de ces deux personnages les deux faces d'une même médaille : Emma la
sœur par le sang, donc interdite, Maria la sœur idéale puisque permise. Je
ne donnerai qu'un seul exemple de cette totale complémentarité des
personnages, c'est l'arrivée d'Efrain dans la maison de Cali où il croit
trouver Maria encore en vie :
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